Espace Regards, Moret-sur-Loing
EXPOSITION DE JULIA DUPONT
L'exposition de Julia Dupont "Sonder la lumière, suivre le cercle" sera visible à l'Espace Regards jusqu'au 24 octobre 2021.
Photos :
P. Songeux
Andrée Grammatico accueille dans son Espace Regards, Julia Dupont avec son exposition "Sonder la lumière, suivre le cercle" jusqu'au 24 octobre 2021.
Artiste francaise d’origine portugaise, Julia Dupont a etudié les arts plastiques et la photographie, obtenant un Master à l’Université Paris 8 en 2013. En 2016, son projet Épure reçoit le Soutien à la photographie documentaire contemporaine du Centre national des arts plastiques, puis celui de l’Institut Camoes – Centre Culturel Portugais en France en 2019-2020. Depuis, elle poursuit ses projets photographiques et vidéos entre ces deux pays, et participe à des expositions, publications, résidences et projets collectifs.
Julia Dupont s’attache à capter la lumière qui caresse l’architecture et observe avec attention les éléments qui attirent son regard durant ses explorations de paysages et d’espaces chargés d’histoire.
Elle mène deux séries photographiques en parallèle pour lesquelles elle construit un processus de travail dans le temps et suivant les lieux qu’elle parcourt. Ses sujets de recherches se situent essentiellement entre deux pays, la France et le Portugal. Ses photographies interagissent subtilement avec l’atmosphère et les volumes de l’Espace Regards.
Les images de la série Surfaces Profondes répondent aux lignes présentes au sol ainsi qu’aux cadres des fenêtres qui ponctuent la première salle de l’Espace Regards, ce qui induit une mise en abîme des lignes de lumière qui traversent les surfaces photographiées. Les rayons lumineux créent des passages, des présences immatérielles. Ils effleurent les murs, se posant directement sur les parois tout en laissant songer à des hors-champs. L’abstraction n’est pas si loin. Ces ouvertures nous conduisent vers des espaces pour des voyages proches du rêve.
Julia Dupont développe des images minimales invitant à songer à des souvenirs de perceptions d’architectures. Ses rencontres spontanées avec des lieux éclairés l’incitent à s’arrêter et à préserver ces tracés lumineux, signes du temps. Ses photographies suggèrent alors un léger mouvement comme si un souffle, un halo éclairait un espace traversé.
Dans ses deux projets actuels, elle s’attache à capter la lumière qui frôle l’architecture, les objets ou les rochers, observant finement la rotation du soleil sur des axes différents et dans les deux territoires où elle puise son inspiration.
Dans sa deuxième série, Geometrias do Ó, l’artiste est également à l’affût d’objets et de surfaces circulaires symbolisant l’origine et compose des associations entre elles. Elle effectue des allersretours entre son approche photographique des environnements, des détails architecturaux, et son observation des objets.
D’une part, elle explore le territoire de Fontainebleau-Avon et ses environs à travers la marche, là où elle vit. Dans ce paysage patrimonial, elle poursuit l’histoire d’une communauté d’artistes pluridisciplinaires qui s’y sont installés depuis le XIXe siècle pour travailler en forêt et représenter la nature.
En approfondissant sa sensibilité pour les roches, « état primordial de l’architecture », elle ouvre sa réflexion sur la mémoire de la forêt de Fontainebleau et développe une recherche photographique avec un regard proche de celui du géologue ou de l’archéologue. Son intérêt pour les traces du temps, les pierres, la nature et l’architecture, l’amène à des situations d’attente, d’aller-retour de son lieu de vie à la forêt où elle repère des éléments qui l’intriguent. Ses images naissent de rencontres, de situations où plusieurs phénomènes naturels doivent être présents simultanément.
Elle y glisse aussi des images de lieux parcourus entre deux régions, deux pays, travaillant à la lumière d’été au Portugal et à la lumière de l’hiver à Fontainebleau. Certaines photographies laissent deviner des détails d’architectures historiques, d’autres nous convient à prêter attention aux éléments naturels, qui deviennent précieux par l’attention qu’on leur porte.
Dans l’espace voûté de la cave, baigné d’une douce luminosité, ses fragments de lieux ou d’objets ainsi rassemblés nous font songer à des récurrences entre motif architectural ou figure géométrique. Symboles de l’infini et de la perfection, ces ronds trouvés dans la nature ou dans l’architecture, « sculptures naturelles » entre culturel et artificiel, renvoient à des tensions riches en mystère. Ils composent un cabinet de curiosités, lieu où art et science se côtoient.
Retour à l’étage baigné d’une lumière douce, celle du jour, les lignes de l’architecture dans les photographies deviennent vaporeuses. Les images de Julia Dupont tendent vers un certain minimalisme, « une picturalité » qui rappellent des souvenirs de contacts avec la lumière et avec différentes constructions dans plusieurs pays, chargés de mystères. Angles et obliques nous font perdre nos repères spatiaux. Des lignes rigides se transforment en vapeur de lumière d’un blanc éclatant, dessinant un espace infini qui s’offre à nous.
Nourries par La Poétique de l’espace ou La Terre ou les rêveries de la volonté du philosophe Gaston Bachelard, ses deux séries jouent sur un équilibre et des correspondances entre les images captées au fil des errances de l’artiste dans différents territoires.
Pauline Lisowski.
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Exposition du 9 au 24 octobre
ouverte les 9-10, 16-17, 23-24 octobre de 14h à 19h.
et sur rendez-vous.
Espace Regards
12 rue du Donjon, Moret-sur-Loing
77250 Moret Loing et Orvanne
06 25 62 12 64 / 01 60 70 98 47
Julia Dupont
"Je suis une jeune artiste qui habite à Avon. Ma pratique photographique s’attache à des espaces architecturaux et paysagers ou des objets, en tant que projections matérielles d’un monde intérieur. J’analyse l’univers d’habitats spécifiques et tente de relever les indices de la pensée qui les a façonnés. Mes photographies, fragments d’espaces traversés par du temps, dessinent mes sensations lors de mon contact prolongé avec des formes, leurs habitants ou leurs histoires.
Une présence diffuse revient entre celles-ci, celle de la lumière, qui fait tendre mes images vers le silence et l’abstraction.
La série « Surfaces profondes », porte sur la perception de l’architecture et le rapport à la lumière. Un thème qui revient souvent dans mon travail, et que j’ai exploré ici avec des images finalement qui vont de plus en plus vers l’abstraction. Des images qui sont faites au Portugal et dans différents pays, des images qui sont basées sur une expérience et la nécessité d'en faire une photo, et du coup, elles intègrent une série.
La série qui est en bas s’appelle « Geometrias do Ó », c’est une série qui s’est construite depuis 2019, pas comme une série au départ, c’était des images séparées qui avaient un lien entre elles et qui tournent autour du cercle, de la rondeur, du creux, du trou et de la cavité.
Les deux séries avancent parallèlement depuis 2019. Pour moi, la lumière est un fil conducteur, c’est quelque chose qui a toujours été très importante dans mes images. Et là, dans cette série, je me suis permis de garder des traces de ses expériences lumineuses, qu’elles aillent vers l’abstraction, que l’on ne sache plus vraiment ce que l’on regarde et que l’on ait moins cette dimension de reconnaissance. Je ne sais pas ce que cela produit chez le spectateur, mais pour moi l’idée est vraiment de prendre cette sensation lumineuse. »