Exposition Barbara Schroeder à Moret

Prieuré de Pont-Loup
EXPOSITION "ENFILADES" DE BARBARA SCHROEDER

Exposition Barbara Schroeder à Moret

Barbara Schroeder s'intalle au Prieuré de Pont-loup avec son expo "Enfilades" jusqu'au 19 juillet 2020.

Photos :
P. Songeux

Virginie Prokopowicz et la Mairie de Moret Loing et Orvanne accueillent au Prieuré de Pont-Loup Barbara Schroeder. Artiste, d’origine allemande, elle s’approprie des territoires inconnus pour y mettre en mouvement ses formes allégoriques de la féminité et de la fécondité, pleines ou évidées, et célébrer la puissance et la modestie de l’univers végétal.

VISITE GUIDÉE AVEC L'ARTISTE
« Mon travail est surtout ancré sur la nature, je viens de travailler pendant un mois en Afrique du Sud, dans une forêt qui a été dévastée par le feu. J’ai donc ici, voulu présenter un chemin qui nous emmène vers l’espoir, un moulage d’arbres calcinés en silicone et coulé en ciment de différentes teintes, en passant du gris au blanc clair, qui amène le regard du spectateur vers la pièce centrale, qui est un chapelet de pommes de terres en porcelaine ».

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« Une autre technique de silicone : ce qui m’intéresse ce n’est pas parler du drame mais comment on peut survivre après le drame, tout ce travail de résilience que fait la nature, et les champignons lignicoles sont quelque part les éboueurs de la forêt qui transforment la matière brûlée, morte, en matière organique vivante. J’ai fait des empreintes de ces champignons qui poussent dans des arbres dans le but de les couler en ciment. Mais quand j’ai vu la beauté de ces silicones, avec ces textures, le côté velouté, les couleurs différentes, je me suis dit que c’était ça l’œuvre, je les ai appelés les oreilles de la forêt ».

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« Voici  ici un thème qui me préoccupe beaucoup, c’est les chemins de terre, les chemins d’errance aussi,  les chemins qui nous amènent hors de nos champs, qui continuent à l’extérieur, et des chemins qui tournent en rond. C’est un peu des chemins de vie, j’ai voulu faire des toiles libres parce que je trouvais que dans cet endroit, un tableau sur châssis était trop rigide, il fallait qu’il soit souple comme une peau de bête qui épouse ce mur en moellons.
80% des œuvres présentées ici, ont été créées spécialement pour cette exposition, je trouvais que ce prieuré méritait une surprise dans les différentes parties, même si tout communique, chaque endroit à son identité.

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« J’ai travaillé avec des scientifiques de Boston, d’Oxford, de Cardiff et d’Innsbruck qui m’ont expliquée le fonctionnement du mycélium, la partie souterraine du champignon et son développement. Nous sommes devant le partage des cellules sous l’œil du microscope. C’est pour ça, que toutes les grandes toiles ont un nom de champignon. »

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« Dans les petits formats, on trouve aussi ces divisions cellulaires qui ressemblent aussi à nos cheminements, encore une fois c’est le chemin de la vie, là où la cellule se sépare. »

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« Ici, c’est un travail qui m’accompagne beaucoup sur mes expos, tout ce travail de porcelaine, on ne peut pas le faire en six mois, c’est un travail de très longue haleine. Il faut construire de gros moules en plâtre qui font plus d’un mètre, pour ensuite couler de la porcelaine. C’est de la poésie qui est apportée à ce lieu,  j’avais besoin de cette petite touche de lumière blanche qui amène un peu de fantaisie et d’éclairage. »

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« Encore une petite série, nous sommes dans un lieu religieux, donc j’ai voulu faire une autre interprétation du feu, c’est le buisson ardent, chapitre de la bible qui apporte la vision de Dieu au christ. »

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« Chou en porcelaine, les choux comme les pommes de terre sont des choses auxquelles on prête peu d’attention dans notre vie quotidienne, j’avais envie de les présenter autrement, dans un champ vertical sur un pilier du XIIIe siècle. Il n’y a pas beaucoup de choux qui poussent comme ça, ni de chapelets de pommes de terre qui font dix mètres de long, c’est apporter un autre regard sur les choses communes qui nous entourent. C’est pareil, on est dans le feu puisque c’est une cuisson à 1400 degrés pour la porcelaine. Et la petite touche, c’est la pomme de terre en or à hauteur des yeux pour mieux la voir. »

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« Je suis dans la peinture de rouille et l’évidence m’a amenée dans les sculptures en fer, ces trois monolithes qui sont disposés  dans une chapelle ressemblent à trois pèlerins qui prient, tout devient un peu religieux dans un endroit pareil. »

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«  En haut un peu caché, au dessus de ce chaos de pierre, une toile qui fait également partie de la recherche sur les mycéliums. Les champignons ne sont pas gentils entre eux, il y en a qui créent des murs, comme nous on crée des séparations  entre voisins, un cloisonnement de son espace, cet espèce s’appelle l’ursuline brûlée. »

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« J’ai fait spécialement cette toile de 3m sur 2m pour cette abside principale, c’est vraiment l’image du mycélium qui se développe sous le microscope, c’est comme les ramifications d’un arbre,  en fait ce qui se passe sous terre dans les racines, c’est aussi ce qui se passe sur terre. A l’extérieur sur chaque joue,  des représentations de feu, je voulais montrer l’incandescence, ces planètes, ces flammes qui virevoltent, mais nous sommes est dans un feu bienveillant. »

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« Ce qui intéressant dans un lieu comme ça, c’est de travailler sur les perspectives, on a cette fenêtre gothique, le chemin en bas, le chapelet de pommes de terre d’une dizaine de mètres, tout est une histoire de chemin de lignes. »

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« Dans cette petite chapelle, j’ai été frappée par cette gouttière ancienne et j’ai voulu de nouveau faire une accumulation de pommes de terre, comme autrefois quand on faisait glisser les pommes de terre ou le charbon par le soupirail, ça faisait un petit monticule derrière. »

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« Encore une toile représentant un chemin. »

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« Ici, on a les parties les plus noires, j’en avais prévu 24 mètres,  mais c’était beaucoup trop. Je voulais vraiment montrer l’imposante forêt. Ce sont des moulages, empreintes coulées en ciment, le silicone a donné au ciment tous ces petites nuances de mousse, d’écorce, c’est très vivant. J’ai mis du blanc, du gris et du noir. »

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« C’est une œuvre que j’ai fait pendant le confinement, qui m’a pris beaucoup de temps. J’ai obtenu une bourse du FRAC de Nouvelle Aquitaine suite à un concours avec 500 artistes. 25 ont été sélectionnés avec un projet sur le confinement, avec l’idée d’être connecté et déconnecté. Et le mycélium c’était pour moi l’idée même de la connexion, c’est l’internet de la forêt sur lequel tous les arbres se branchent pour communiquer entre eux. C’est une structure très souple, j’ai dû construire une structure métallique, que j’ai enveloppée de filaments en silicone plus ou moins épais,  pour être fidèle au mycélium qui apporte une petite touche de couleur à cette expo. »

 

Barbara Schroeder

Barbara Schroeder quitte les bords du Rhin en 1984 pour s’installer en Gironde. Formée sur les bancs de l’Université de Bordeaux III et à L’École d’Enseignement Supérieur d’Art de Bordeaux, elle y approfondit sa pratique de la gravure et obtient une Maîtrise suivie d’un DEA soutenu en 1989 dans lequel elle se consacre aux Peintures du Mur de Berlin. Comble du hasard,  sa soutenance aura lieu le même jour que la chute du dit Mur. Développant une pratique artistique pluridisciplinaire depuis lors, elle est nommée en 2010 Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par Alain Juppé.

Son exposition, par Élise Girardot, critique d’art membre de l’AICA
Méconnus, dangereux et parfois comestibles, les champignons élaborent des protections et communiquent entre eux. Leur présence discrète dans l’exposition résonne avec la solennité du prieuré de Pont-Loup. Une succession de connexions et déconnections jaillissent des formes familières et énigmatiques observées dans les travaux de Barbara Schroeder. De la peinture à la sculpture, nous sommes guidés vers l’abside principale par un long chemin de stèles. Ailleurs, un autre fil s’écoule du clocher. La multitude de formes arrondies prolifère, formant une cordée de pommes de terre. À travers les vastes espaces du prieuré, on découvre des champignons en silicone, des choux en porcelaine, des monolithes en acier brossé, des stèles de béton carbonisé et de grandes toiles composées d’enchevêtrements de filaments. S’en dégagent des visions microscopiques amplifiées qui révèlent de grands mouvements naturels imperceptibles. Les produits de la terre apparaissent métamorphosés. Ils sont sublimés, transformés par le jeu des matières interchangeables. Proposant une œuvre totale à sillonner, la scénographie de l’exposition dessine les contours d’un rituel. Ce déploiement affirme une attention au temps qui passe, celui des êtres vivants comme celui des fossiles, des catacombes, des mausolées. Le motif du feu, sa régénérescence parfois menaçante fascine aussi Barbara Schroeder. Des fumées s’échappent des toiles, des pèlerins traversent les espaces du prieuré. Une combustion vive semble saisir certaines images. On entend l’écho des sols et des racines enfouies qui surgissent d’un autre siècle. Les traces de ce passage parsèment le sol de cercles et de cailloux. Barbara Schroeder compose un mémorial dédié au banal ; elle s’intéresse aux épaisseurs, aux croûtes, aux écorces, aux mousses et aux lichens forgés par le temps long. De la brillance phosphorescente à la matité, l’opposition des matières s’exprime dans la diversité des techniques employées. Comme les champignons naissent de petits agglomérats de fibres délicates, une myriade de réseaux et de savoirs ancestraux et artisanaux inspire l’artiste.

Quelques expositions à venir
Si les frontières s’ouvrent, elle sera à Johannesburg pour exposer fin août. En décembre, une exposition en binôme avec une artiste néerlandaise sur la forêt, et elle sera à Annecy en avril prochain. »

L’association Le Mur, espace de création
Depuis 2013, Le Mur organise des événements artistiques et culturels valorisant le processus de création, de production et de diffusion de l’art contemporain dans le souci de favoriser l’accès de tous les publics à l’art. Son action, basée sur la création de projets et la promotion d’artistes, propose une programmation particulière pour le Prieuré de Pont-Loup à Moret sur Loing et l’espace de création du Mur, où les démarches des artistes doivent se lier au patrimoine local, à l’histoire, à l’architecture, autour d’un thème donné. Par convention, la Mairie de Moret Loing et Orvanne a confié la programmation artistique du Prieuré de Pont-Loup à l’association Le Mur.

Le Prieuré
L’appropriation des lieux par les artistes est le moteur principal de ce projet dédié à la création in situ. L’architecture, l’espace et l’histoire y sont étroitement liés. L’église de Pont Loup est l’unique vestige d’un prieuré bénédictin fondé par l’abbaye de Vézelay au XIIème siècle dans le hameau de Pont Loup. En 1945, la ville de Paris la cède à la ville de Moret sur Loing. De grands travaux de restauration seront mis en œuvre et ce lieu sera destiné à la culture.

Barbara Schroeder expose à Moret

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